Sauts basco-béarnais

Le saut est un type de danse particulier que l’on trouve exclusivement dans le territoire basco-béarnais.
Le territoire basco-béarnais correspond au département des Pyrénées Atlantiques et comprend, comme indiqué sur la carte :
le Pays Basque français, divisé en 3 régions :
- le Labourd (en gris)
- la Basse Navarre (en rouge)
- la Soule (en vert)
et le Béarn.



Le terme de "sauts ", dont l’étymologie est incertaine, désigne au Béarn comme dans d’autres régions pyrénéennes, notamment le Pays Basque, des modalités de danses régionales. Contrairement à ce qu’indique leur nom, elles ne sont pas sautées.
Le corps, la tête et les bras prennent peu de part au mouvement de la danse. Les bras pendent librement le long du corps. Les pieds, seuls, agissent, avec souplesse et volubilité.

Historiquement, les sauts se rattachent à la famille des branles, plus particulièrement ceux que Thoinot Arbeau appelait branles coupés, branles morgués et suites de branles. De l’ancienne chaîne subsiste l’habitude de faire tout changement de direction face au centre.
Les danseurs sont disposés sur un cercle, ne se donnent pas les mains et réalisent dans un ordre convenu (différent pour chaque saut) des pas répertoriés, de durée et de structures diverses, dont chacun porte un nom.
Les sauts sont une véritable épreuve pour la mémoire parce que le danseur doit se rappeler tous les pas dans l’ordre où chaque danse les agence, les noms des pas, ainsi que le style de danse différent.

Dans la tradition, sauf exception, les sauts étaient des danses d’hommes.
Chose rare dans les danses traditionnelles, la transmission des sauts se faisait par enseignement. A 11-12 ans, en même temps qu’ils entraient en apprentissage professionnel, les jeunes garçons apprenaient à danser les sauts.
Le professeur était un danseur reconnu, requis pour sa compétence , mais non professionnel (il pouvait être cultivateur, artisan, berger, etc).
L’élève apprenait d’abord isolément les divers pas composés puis les enchaînements.

«Après une période de forte régression entre 1950 et 1970, on assiste à une redécouverte de ces pratiques traditionnelles (comme d’autres dans de nombreuses régions) au moment où le "local "et "l’authentique" deviennent des notions organisatrices des styles de vie avant-gardistes, "contre culturels" ou encore alternatifs dans une période où « la crise » s’installe en occident… ce qu’on appelle le «revival».
Les sauts béarnais sont dès lors appropriés par un certain nombre "d’intermédiaires culturels " qui les divulguent au delà de leurs territoires "originels ", en les délocalisant en quelque sorte et en les "pédagogisant ". Ces intermédiaires ne sont pas toujours béarnais et appartiennent la plupart du temps au milieu de la culture ou de l’enseignement. » (Jean-Paul CLEMENT, professeur à l'Université Paul Sabatier, Toulouse et Lionel DUBERTRAND, université Toulouse III, UFR STAPS (Communication : Féminisation et " spectacularisation " des " sauts " béarnais : la constitution d’un espace de pratiques 126e congrès, Toulouse, 2001))

On trouve les mêmes sauts dans le Béarn et dans le Pays Basque. Les pas et les enchaînements sont exactement les mêmes. La différence se situe d’une part dans le style, d’autre part dans les termes désignant les pas, différence correspondant à une différence de langue.

«La musique des sauts est en principe instrumentale. Elle a été longtemps assurée par la flûte à trois trous (xirula) et le tambourin à cordes, ou par le violon, ou par les trois à la fois. Le violon a été particulièrement prisé parce qu’il permettait au musicien, sans interrompre la mélodie, d’annoncer les pas pour les danseurs.
Ces airs peuvent être aussi chantés, les paroles étant plutôt à visée mnémotechnique : tout saut, si long et complexe qu’il soit, se voit ajouter des paroles, qui sont en fait les noms des pas qu’il emploie. Chaque nom est chanté sur les toutes premières notes du fragment musical servant à danser le pas qu’il désigne. Ces termes techniques échelonnés tout au long de la mélodie rappellent aux danseurs, à chaque instant du déroulement musical, le mouvement qu’il convient d’y faire.
Entre deux de ces indications successives viennent des syllabes de remplissage. Le tout forme ainsi une chanson dépourvue de signification logique, mais de la plus grande utilité mnémotechnique. » (Jean Michel Guilcher, La tradition de danse en Béarn et Pays Basque français)
Dans la vidéo de Mariana, on peut entendre Philippe Marsac chanter la danse de cette manière.

A titre d’exemple, voici un tableau récapitulatif des termes basques / béarnais employés pour les pas des 2 danses présentes sur Cancoillottefolk : 7 sauts et Marianne



Quelques pas (en béarnais / en basque):

SIMPLE / ERDISKA

A droite
déplacement sur le cercle
(s.c.a.m.) pose pied D à D, puis G, coupé du pied G sur cheville D en faisant 1/2 tour, (s.a.m.) très rapidement pose G, pose D (comme pour changement de pied), et on repart pour un autre pas simple (à gauche).

SIMPLE / ERDISKA

A gauche
déplacement sur le cercle
(s.a.m) pose pied G à G, puis D, coupé du pied D sur cheville G en faisant 1/2 tour, (s.c.a.m) très rapidement pose D, pose G (comme pour changement de pied), et on repart pour un autre pas simple (à droite).

COPAR / JAUZI

A droite
déplacement radial, par rapport au cercle
pose pied D sur côté D
coupé pied G sur cheville D
2 pas latéraux vers G
coupé pied D sur cheville G
pose D, pose G très rapidement
enchaîner avec un pas simple à D

COPAR / JAUZI

A gauche
commencer par poser pied G de côté G, et le reste est l'inverse du copar à droite

ABANS / AITZINA PHIKA

Départ pied extérieur
2 pas marchés siam puis copar (jauzi en basque)

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