Bien que,
depuis près de deux siècles, les tsiganes se soient infiltrés
parmi les musiciens autochtones, le répertoire traditionnel tosque est
resté fidèle à ses origines ancestrales. Il comporte des
danses, des romances, des chants nuptiaux, des chants humoristiques, proverbiaux,
historiques et épiques, des airs de bergers, des lamentations funèbres,
des chants de travail et d’exil. Le sentiment dominant est de caractère
romantique et lyrique.
Les chants de table, les lamentations, et les mélodies pastorales sont
des improvisations développées sur un rythme non mesuré,
au débit libre, incluant des figures rythmiques précises et des
séquences d’accélération ou d’extension du temps.
Les échelles modales pentatoniques constituant la base de nombreux morceaux
révèlent leur caractère archaïque ; quant aux modes
heptatoniques, la plupart comportent des intervalles non tempérés.
Les chants peuvent être de type homophonique, hétérophonique
ou polyphonique avec bourdon.
Les danses comportent une grande diversité de rythmes : mesures simples
à 2, 3, 4 ou 6 temps, ou asymétriques à 5 (2+3), 7 (3+4),
8 (5+3) ou 9 (4+5) temps, dont certains accents sont parfois légèrement
retardés. Il faut encore relever l’importance des ornements (trilles,
glissandi, apogiatures…) utilisés dans l’interprétation
d’une mélodie, ainsi que la diversité des timbres (doux,
rauques ou stridents). En outre, les mélodies pastorales comportent souvent
des imitations de bruits de la nature, de cris d’animaux, de chants d’oiseaux,
produites par la voix ou par les instruments. La clarinette peut aussi imiter
le timbre d’instruments archaïques qu’elle tend à remplacer
de façon assez générale : douceur des flûtes ou rugosité
des hautbois et de la cornemuse. Par les instruments qui le composent, le groupe
Skaros correspond au type de formation actuellement le plus répandu :
une clarinette (klarinet), un violon (violinë), un luth
à long manche (llautë) et un tambourin à grelots
(def).