La musique de la République Démocratique du Congo (Congo-Kinshasa)

Inséparable de l’art dont elle n’était parfois que le prolongement ou le support sonore, la musique occupe une place de choix dans les communautés traditionnelles. Où qu’il s’arrête au cours de sa randonnée à travers la République Démocratique du Congo, le visiteur est sûr de trouver, à côté du tam-tam, une riche variété d’instruments, tels que xylophones, tambours, harpes, qui entourent et accompagnent chanteurs et danseurs. Toutefois, les thèmes musicaux, les mélodies, le rythme, comme les instruments, varient selon les groupes ethniques et les régions.

Musique et danses traditionnelles

Ainsi, dans les savanes méridionales du pays, le visiteur pourra s‘intéresser principalement à la musique de deux peuples les Mangbetu, dont les orchestres groupent une grande variété d’instruments gongs triangulaires en bois, tambours allongés, tam-tams rectangulaires, grandes cloches jumelées en fer, trompes d’ivoire prolongées par des manchons en cuir; et les Ngbandi, dont les danses chantées sont rythmées par le tam-tam au son duquel se mêle le tintement des bracelets en métal que portent les « Lenge ».

La célébrité de l’art chorégraphique des danseurs Intore du Kivu n’est plus à démontrer elle a débordé, depuis, les frontières congolaises. A l’époque précoloniale, ces danseurs jouissaient à la cour d’une éducation spéciale au cours de laquelle on leur enseignait leur art, ainsi que l’histoire, le droit et l’art militaire. A présent, ce ne sont plus que des groupes de danseurs folkloriques que le visiteur pourra à l’occasion admirer, soit à Goma, soit à Rutshuru chez le Mwami.

Les musiciens sont Batwa. Les danseurs, eux, forment un carré ou se déploient sur deux lignes. Après avoir exécuté le thème d’entrée et la danse de salutation, ils chantent les exploits des héros légendaires. Suit alors le ballet où se mêlent parfois musiciens et danseurs. Ces derniers portent, soit une jupe courte en étofle à ramages, soit une peau de léopard enroulée autour des jambes. La poitrine est garnie de bretelles croisées, en perles. La tête est ornée d’une espèce de diadème en poils de singes.

Suivant la région et le thème de la musique, les danseurs brandissent un arc, une lance ou un bâton garni d’une longue chevelure en fibres de raphia. Les chevilles sont cerclées de grelots dont les sons soulignent le rythme saccadé de la danse. Les Bapende du Kwilu exécutent des danses célèbres la danse « Migangi », dans laquelle les danseurs portent un costume en raphia bigarré, un masque et des grelots attachés aux chevilles ; la danse « Mbuya », sorte de comédie improvisée dans laquelle les acteurs portent des masques traditionnels adaptés au rôle qu’ils jouent certains, couverts de feuillage et montés sur des échasses, exécutent des pas de danse acrobatiques. La danse du « Mungonge », qui imite les ondulations d’un énorme reptile, est interprétée par une trentaine de danseurs allongés sur le ventre et se mouvant en file indienne, le corps presque nu, couvert de stries de peinture blanche. La vue de cette danse est interdite aux femmes.

Les Mongo présentent une danse spectaculaire le « Bobonne », sorte de ballet en plusieurs actes qui met différents groupes en compétition. L’orchestre comprend plusieurs instruments le « bonkwasa », fait de tiges de bambous pourvues d’une ouverture garnie de crans que l’on racle avec un bâtonnet pour produire un son monocorde et le « longer », grande harpe à cinq cordes montée sur une caisse de résonance.

Les Lunda dansent au son d’un xylophone courbé, mélodieux, le « nimba » espèce de balafon fait de calebasses de différentes grosseurs fixées sous des lamelles de bois que le musicien percute.

Les danses des « Mikishi », chez les Tshokwe et les Batalha-Mpasu, sont également caractéristiques. En fait, partout règne le rythme. La danse qui caractérise les Luba a pour nom le « mutuashi ».

La capitale africaine du disque

Le rythme ? La musique moderne Congolaise en a à revendre. Tous les bals des grandes villes africaines en témoignent. D’Abidjan à Kampala, de Dakar à Adis-Abeba, les amateurs de rythme connaissent les disques Congolais.

C’est en 1947 qu’ils se lancent à la conquête du marché. Les pionniers, les Lopongo, Kasongo, Wendo, Tekele Mo, Kango, étaient avant tout des chansonniers maniant avec art l’accordéon et la guitare. Ils se produisaient sur les places publiques et chez les particuliers à l’occasion des cérémonies familiales et autres.

Conséquence de l’urbanisation, les orchestres élisent domicile dans les bars : Congo-bar, Bar Masamba et Quist Bar deviennent très vite les hauts lieux de la musique kinoise. C’est alors qu’un orchestre comme le King-Jazz conquiert ses lettres de noblesse. Les années cinquante enregistrent l’apparition sur la scène de formations bien étoffées, dont la réputation ne devait pas tarder a déborder les frontières du pays l’O.K. Jazz de Luambo Makimono dit Franco et l’African-Jazz de Kabasele sont de ceux-là. Leurs cha-cha-cha afro-cubains feront bien vite le tour de l’Afrique. Et des «tubes »comme « Indépendance cha-cha », « Ambiance » et bien d’autres marquèrent les années soixante, tout en faisant la fortune de « Franco ».

Alliant opportunément le goût du rythme à des paroles inspirés tantôt des événements politiques, tantôt des thèmes classiques, comme l’amour (bolingo), la joie ou la détresse, leur créateur se taille un succès foudroyant à travers une Afrique subjuguée par la vague des indépendances.

Au milieu du tourbillon politique qui déferle sur la République Démocratique du Congo, les orchestres se livrent à une compétition sévère d’où devaient émerger les figures des grands chefs d’orchestre qui tiennent encore le haut du pavé. Et, témoin de l’adulation que leur voue le public, tous portent une particule de respect à côté de leurs noms Tabu Ley est dit « Seigneur Rochereau », Luambo Makiadi « Maître Franco », Kasanda « Docteur Nico », feu Kabasele « Grand Kale ». Autant de titres qui étonnent l’étranger nouvellement débarqué àKinshasa, mais qui sont familiers aux Congolais depuis qu’ils font partie intégrante de la chanson populaire et de la musicologie. Et aujourd’hui de nouvelles stars ont noms Papa Wemba, Koffi Olomide, Bozi Boziana, Nyoka Longo, Bimi Ombale,Tshala Mwana, Mbilia Bel, Abeti Masikini, Mpongo Love, Ray Lema...

L’Union des musiciens Congolais

L’union des musiciens Congolais créée en 1972, compte quelque 10 000 musiciens, groupés en 360 groupes orchestres dans la seule ville du Kinshasa dont l’un a la caractéristique de n’être formé que de citoyennes: le Taz-Bolingo.

Leur succès international nourrit une industrie du disque assez prospère pour éditer 300 000 unités par mois.

Actuellement, deux usines se partagent le marché (Mazadis et Philips), mais le Maître Franco en construit une troisième à Kingangbua.

Il ne doit pas espérer battre les records de vitesse de fabrication de ses concurrents : à Kinshasa, le chanteur enregistre en studio à 17 heures. A 18 heures, les techniciens façonnent la matrice. A 20 heures, les premiers échantillons sont pressés. A 21 heures, les étiquettes imprimées sont collées et, dès le lendemain 9 heures, le disque est en vente chez les commerçants.

La distribution et la commercialisation des disques est assurée par « Ecodis », ancienne filiale de Decca. Cette société, qui alimente le marché national et international en disques Congolais, a aussi le monopole de la quasi-totalité des importations de disques étrangers et d’instruments de musique.

Les bals, dancings, boîtes, clubs privés se multiplient dans tout le pays. De la plus grande ville au plus petit village, la moindre agglomération dispose de son « club », où résonnent les airs à la mode. A Kinshasa, la longue suite de dancings bordant les rues des quartiers populaires donnent à la capitale Congolaise un cachet tout à fait particulier. Le touriste ne doit sous aucun prétexte manquer de faire la tournée des boîtes en vogue « L’Atmosphère », « Le Transit », « Cara », « The Must », « Tropican », « Cosmos », « Station One », « Petit Jean », « Van Club », « Mayaza ji » et surtout

« Un - Deux - Trois », qui est le siège de l’union des musiciens Congolais. Musique, ambiance, lumière, tout est conçu pour la gloire du rythme, l’agrément de l’oreille et le bonheur des couples. Ce n’est pas par hasard si le dernier Festival des arts nègres, à Lagos, a confié à la République Démocratique du Congo la partie musicale.

Source : Congo 2000.

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