Le costume mexicain populaire

Il y a une cinquantaine d'années encore, le Mexique avait un costume national, le charro pour les hommes et la china poblana pour les femmes. Costume de cheval, le charro était à l'origine l'habit de gala des grands propriétaires terriens. Il se compose d'une veste étroite, d'un pantalon de fine suède ou de peau de daim garni de boutons d'argent, d'une chemise à jabot, d'un large sombrero de feutre parfois brodé d'or ou d'argent. Les jeunes aiment encore à s'en revêtir à l'occasion de réjouissances populaires. Il a à peu près disparu des réceptions officielles et il est rare d'en voir en dehors des fêtes charro. L'adoption du charro par les mariachis pourrait expliquer sa baisse de prestige.


Mariachi! Bazar del sabado, Mexico City

Jupe rouge et vert, garnie de sequins et recouvrant plusieurs épaisseurs de jupons avec blouse blanche. Le haut du corps littéralement enveloppé dans le rebozo, sorte de large écharpe ou châle croisé sur la poitrine. Telle était autrefois à Puebla, dit-on, la tenue typique de la servante, la china. D'où ce nom de china poblana donné à ce vêtement qu'on ne voit plus guère aujourd'hui sinon dans les bals costumés. Il n'existe donc plus de costume national mexicain, mais l'extraordinaire diversité des vêtements propres à chaque région, ceux des Indiens en particulier, compense cette lacune.


Danses folkloriques de Puebla avec leurs costumes typiques

Une des attractions promises au voyageur qui se risque hors des sentiers battus est la rencontre d'Indiennes encore vêtues ou presque comme leurs lointaines aïeules de la période préhispanique. Les touristes qui n'ont pas la possibilité de gagner l'intérieur du pays peuvent cependant se faire une idée du Mexique indien par une visite à la section ethnographique du Musée National d'Anthropologie de Mexico, excellente introduction à la richesse des costumes indiens du Mexique. Les anciens Mexicains étaient de remarquables tisserands. Un des premiers cadeaux offerts par Moctezuma à Cortés consistait en plusieurs balles de « tissu blanc de coton et de plumes — du plus bel effet », écrit Bernard Díaz dans « La Conquête de la Nouvelle Espagne ».

De nos jours, les Indiennes, en particulier celles des régions plus retirées, restent fidèles aux techniques ancestrales et reproduisent toujours dessins et motifs datant de l'époque précolombienne. Les procédés de filage et de tissage n'ont guère évolué et l'on peut voir des paysannes filer le coton ou le heneguen (fibre d'agave) au fuseau. Agenouillées dans la cour devant leur métier, ou otale, les femmes tissent patiemment les étoffes domestiques comme on l'a fait avant elles depuis des centaines d'années. Sur cet appareil primitif fait de deux bâtons entre lesquels sont tendus les fils de lisse, naissent d'admirables tissus, souvent à l'aide de fibres filées sur place et teintes de colorants naturels.

Le costume masculin, par contre, s'est quelque peu modernisé. Beaucoup d'Indiens portent une ample manta tissée à la main — la plupart du temps roulée sur l'épaule, une chemise et un pantalon blancs serrés par une large ceinture. Souvent un motif brodé orne l'encolure ou le plastron de la chemise. Chez les Tarahumaras du nord, les hommes portent des chemises et d'ordinaire un pagne, retenu par une ceinture de tissu, leur couvre les jambes.


Jeunes filles indiennes avec leurs costumes traditionnels

Les Indiens des Etats du Sud portent des habits de couleurs vives, de caractère très primitif, qui comptent parmi les plus beaux du Mexique. Dans les tribus Tzotzil du Chiapas, les hommes portent un vêtement de très grande ampleur tombant à hauteur genoux et rassemblé pour former une sorte de pantalon, une chemise brodée au col et aux poignets, une écharpe tissée aux teintes éclatantes et un chapeau de palmier dont la calotte est garnie d'une tresse de longs rubans de toutes couleurs.

Les «Dandies»

Les Huichols sont persuadés qu'un costume somptueux élève l'homme au rang des dieux. Ils portent un soin attentif à leur attirail vestimentaire. Chemises et pantalons brodés, ceintures et sacs tissés. C'est la seule tribu où le costume masculin dépasse en richesse celui des femmes. La femme indienne a adopté une toilette qui lui sied aussi bien petite fille, que jeune femme, mère ou grand-mère. De plus, comme jadis les coiffes de nos Bretonnes, l'un ou l'autre détail caractéristique varie suivant les régions. Quels sont les «chiffons » préférés de ces élégantes ? Huipil ou quechquemitl, jupe, large ceinture, coiffure et bijoux, fleurs et rubans dans les cheveux. Il arrive de rencontrer une Indienne chaussée de sandales, mais en général elles vont pieds nus comme autrefois. Le huipil, robe rectangulaire avec ouvertures pour la tête et les bras, est d'usage courant dans le sud, depuis l'état de Oaxaca jusqu'à la frontière du Guatemala. Il est en laine ou en coton, court ou long, étroit ou souvent ample et couvrant les épaules, fait d'une seule pièce ou composé de plusieurs morceaux rassemblés par des rubans ou des galons décoratifs.

Le quechquemitl ou poncho (du mot náhuatl quechtli, cou, et quemitl, qui recouvre) est un vêtement triangulaire couvrant la partie supérieure du corps. Il était porté déjà à l'époque précolombienne lorsque la modestie l'exigeait, l'usage des blouses étant inconnu. Il est formé de deux morceaux de tissu rectangulaires — le côté le plus étroit de l'un étant cousu au plus large de l'autre ; une ouverture est ménagée pour passer la tête. Les pointes tombent devant ou sur les côtés, selon les régions. D'une manière générale le quechquemitl est porté (à présent au-dessus d'une blouse) dans le nord et le centre du Mexique.


Marché de nuit à Oaxaca

La plupart des Indiennes adorent les bijoux, en particulier les verroteries de couleurs vives. Quand elles peuvent s'en offrir et que la coutume les y autorise, elles les portent en grand nombre. A la garde-robe typiquement indienne sont venus s'ajouter des éléments européens tels que la blouse, la jupe plissée et, peut-être, le rebozo ou étole né de l'obligation de garder la tête couverte dans une église. Il constitue un élément essentiel du costume féminin. On croit qu'il existait déjà mais sous une autre forme avant la conquête espagnole. Voir un bébé (ou n'importe quel paquet) ballotté dans un rebozo jeté sur les épaules d'une Indienne est chose courante au Mexique.

Les femmes des Totonaques du Golfe du Mexique, prospères depuis le milieu du XIXème siècle grâce à la culture de la vanille, sont vêtues de fins tissus de coton blanc. Lors des fiestas, elles adoptent l'organdi et le tulle ainsi qu'un splendide quechquemitl transparent, brodé de blanc. Dans les régions chaudes de la péninsule du Yucatán, les femmes portent au-dessus d'une jupe longue, un huipil blanc sur lequel elles brodent de grandes fleurs tout le long de l'encolure carrée, des emmanchures et du bord inférieur. Dans l'état de Oaxaca, la diversité des costumes est surprenante. Les femmes de la région d'Amusgo sont célèbres pour leurs huipiles blanc naturel, retombant aux chevilles, enrichis de larges bandes horizontales ornées de motifs brochés traditionnels, en particulier d'une fleur stylisée. Dans la partie sud-ouest de l'Etat, certaines Indiennes mixtèques n'ont pour tout vêtement qu'une longue jupe à rayures foncées bleues et rouges, enroulée à la manière d'un sarong. A Yalalag, petit village zapotèque, proche de la ville de Oaxaca, les femmes se parent d'un très beau huipil blanc, brodé sur le devant de motifs floraux en soie de couleur vive et orné à l'encolure de lourds glands de soie. Les imposantes Tehuanas s'habillent de velours noir — pourpre, bleu ou rouge — brodé de grandes fleurs.
L’enredo (jupe) porté chez les Purépechas (Michoacán) est froncé, parfois plissé ou simplement enroulé autour de la taille à la manière d’un pagne, ajusté par une faja (ceinture tissée). L’enredo est pratiquement invisible lorsqu’on la porte sous un long huipil. Le sarape est une couverture de laine que les hommes utilisent notamment dans les terres froides. Il est autant un manteau, grâce à sa fente pour passer la tête, qu’une tente voire un tapis pour exposer ses marchandises. Il varie en forme, en couleurs selon les régions mais est toujours d’un goût très sûr, exhibant parfois des superbes motifs flamboyants.

Source : Rêve mexicain

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