Histoire de la Musique marocaine

CHAÂBI


Le Chaâbi désigne la chanson populaire maghrébine. D'origine festive, le chaâbi marocain s'est surtout développé dans les villes. L'utilisation du langage populaire et la création de nouveaux rythmes ont fait de ce style un complément essentiel de la danse.
Avec le développement du marché des cassettes et des soirées publiques télévisées, de nouveaux musiciens et chanteurs ont pu faire leur entrée sur la scène musicale marocaine.


De nombreuses tendances sont apparues : de nouvelles chikhates, des petits groupes de quartier et autres chanteurs et chanteuses de charme ont pu proliférer dans toutes les villes du Royaume.

La chanson moderne au Maroc


Ces cinquante dernières années ont vu le développement au Maroc d'une musique que l'on peut qualifier de moderne, notamment grâce au répertoire de Mohamed Fouiteh. Dès lors, la jeunesse marocaine va vibrer sur des modes orientaux agrémentés des rythmes traditionnels marocains et de paroles puisées directement dans le langage populaire.
Jusqu'alors, les compositeurs marocains empruntent aux genres anciens aussi bien les paroles que les musiques, même s'ils agrémentent leurs ensembles musicaux d'instruments occidentaux tels que le violon, la guitare, le banjo et d'autres instruments à cordes. Le melhoun, qui est une des formes les plus répandues au Maroc de l'art musical andalous, est alors une des plus grandes sources d'inspiration.


L'inspiration égyptienne est omniprésente dans la composition musicale marocaine jusque dans les années 50. De fait, jusqu'au milieu des années 60, de nombreux jeunes chanteurs tels qu' Abdelwahab Doukali ou Abdelhadi Belkhayat vont d'abord être attirés par la musique égyptienne comme source d'inspiration.
Mais c'est grâce à l'initiative de la RTM (Radio Télévision Marocaine) que ces chanteurs vont surtout être révélés au public marocain. Les concours organisés par la RTM débouchent sur la formation d'ensembles musicaux et l'enregistrement de nombreuses chansons.

Le folklore berbère marocain
L'expression de l'âme berbère passe incontestablement par les chants et la musique, qui sont les deux composantes d'un art qui se transmet de génération en génération depuis des siècles dans les montagnes marocaines.


Les scènes de chants berbères font intervenir parfois plusieurs dizaines de participants, dont un chef de chant (raïss), qui emmène sa troupe avec un dynamisme époustouflant.
A travers tous ces chants, la rythmique est la base fondamentale et reflète le tempérament et le génie des chefs de chant.
On peut distinguer trois zones musicales berbères correspondant aux zones linguistiques bien connues :
- le Tachelhit du mot Chleuh du bassin du Sous,
- le Tamazight du mot Amazigh - Seigneur de la région du Moyen Atlas,
- le Tarrifit du mot Rif, région du Nord du Maroc.
On retrouve dans ces trois régions les trois grandes danses les plus célèbres du Royaume :
- L'ahouach est une danse d'hommes et de femmes des pays Chleuhs du bassin du Souss. Il s'agit d'une cérémonie nocturne dans laquelle les femmes forment une ronde autour d'un feu de branches légères. Au centre une douzaine d'hommes forment un cercle plus restreint, tous munis de bendir (grand tambourin rustique). Le thème musical s'établit par soubresauts puis succèdent alors les bendir-s sur lesquels la ronde des femmes commence à onduler. La danse arrive alors à son paroxysme lorsque la ronde des femmes se divise en deux coeurs qui se font face et se donnent la réplique.
- L'ahidous est une danse d'hommes et de femmes du Moyen Atlas dans laquelle, cette fois, hommes et femmes sont coude à coude. Elle est réglée selon un rythme à la fois souple et rigoureux avec des ondulations. Après cette phase d'introduction, un couple de danseurs se détache, puis virevolte avec grâce.
- La guedra est une danse connue originaire de Goulimine et des pays sahariens. Son cadre musical est composé d'un petit groupe d'hommes dont l'un deux exécute un rythme régulier en frappant sur une poterie. La danse est effectuée par une femme située au milieu du groupe de chanteurs. Elle est à genou, enveloppée dans une étoffe bleue, et exécute de la tête et des mains la rythmique endiablée de la guedra.

Le Melhoun

L'origine du Melhoun remonte au XIIè siécle, à l'époque des Almohades, pendant laquelle se développe une forme littéraire ne respectant pas la structure grammaticale classique, le zajal.
La Qassida, ou poème écrit en zajal, est enrichie de mélodies populaires qui vont donné naissance au Melhoun.
Aux XVIème et XVIIème siècles sous les Saadiens, le Melhoun s'enrichit de formes nouvelles: Mubayyat, Maksur L'Jnah, Muchattab et Sousi.


La création à cette époque des effets de style appelés Suruf vont considérablement renouveler le répertoire et attirer l'engouement du public pour cette forme musicale. Ainsi l'on retrouvera dans certaines compositions l'utilisation de vers construits sur un mot sans signification :DAN. Ces vers serviront de base de versification pour les poètes marocains populaires, comme par exemple: DAN DANI YA DANI DAN DAN YA DAN...
De même, à partir d'un autre mot dépourvu de signification, MALI, on trouvera le vers suivant: LALA YA MAWLATI LAL W-YA MALI MALI... D'autres mots, également insignifiants, remplissent une fonction purement rythmique ou versificatrice (rada, sayyidna, lala mawlati...), remédiant ainsi a l'insuffisance du texte dans la phrase musicale.

La musique arabo-andalouse


La musique " arabo-andalouse " désigne un ensemble de pièces musicales et poétiques originaires d'Andalousie (al-Andalûs). Cette région de la Péninsule Ibérique a favorisé l'essor de la civilisation arabe en la portant à son apogée, du Moyen Age à la chute de Grenade en 1492.
L'expression " musique arabo-andalouse " n'est pas très ancienne et relève plutôt d'un point de vue occidental.
En revanche, c'est sous le vocable de " musique andalouse " que l'héritage musical andalou a été véhiculé au cours du xxe siècle en Afrique du Nord et plus particulièrement en Algérie.
L'histoire de la musique d'al-Andalûs est encore difficile à retracer. La recherche musicale a toutefois connu deux évènements contemporains qui ont permis de renouveler la connaissance de cette musique.
La découvert des kharja-s (courtes stances poétiques en arabe dialectal, en roman ou en hébreu) en 1956 prouvent que la société d'al-Andalûs était multilinguale et que les rapports entre les différentes communautés étaient fréquents.
En outre, la découverte, il y a quelques années, du manuscrit d'al-Tifashi (XIIIè siècle) apporte un éclairage nouveau sur l'activité musicale d'al-Andalus.
Selon al-Tifashi, le développement de la musique en al-Andalus s'est effectué par étapes successives. Entre les IX et XIIIè siècle, elle passe du stade de musique archaïque à un art de plus en plus technique sous l'influence notamment de Ziryab, musicien du IXè siècle originaire de Bagdad. C'est lui qui a certainement apporté le sawt dans son répertoire. Ce poème monorime, accompagné d'instruments comme le luth, était connu avant son arrivée en al-Andalus mais il y a apporté l'idée de " suite ". Le XIIè siècle voit naître un nouveau style de chant métissé entre l'arabe dialectal, le roman et l'hébreu d'origine, sous l'influence du poète philosophe Ibn Bajja.

Les styles de musique
Le muwashshah :
Inventé en al-Andalus à la fin du Xè siècle, il est décrit comme un chant en arabe classique structuré par des strophes et un refrain.
Zajal et kharja :
Le zajal est un poème chanté en langue dialectale et composé de trois volets :matla (envoi), dawr (tour) et qufl (fermeture). De nos jours, il survit en Egypte et au Liban dans un répertoire populaire.
La kharja est un court poème qui suit le muwashshah et qui, en al-Andalus, était chanté en roman ou en hébreu. Au moment de l'exode vers l'Afrique du Nord, elle s'est détachée du muwashshah.
La nouba :
De nos jours, la nouba est une suite chantée et instrumentée de différents poèmes (muwashshah, zajal, shughl, barwal) entrecoupés de pièces musicales instrumentales, libres ou mesurées.
L'ensemble est précédé d'une ou de deux introductions instrumentales. La nouba est chantée à l'unisson par les instrumentistes en hétérophonie, c'est-à-dire par enchevêtrement des voix, mais elle peut aussi être confiée à une voix soliste.
Les noubas marocaines se distinguent des algériennes, comme celles-ci de leurs consoeurs tunisiennes par l'expression et le style. Certaines sont priséeset constamment rejouées, ou mieux encore certains mouvements sont préférés à d'autres. La nouba est considérée comme un domaine définitivement clos de la création musicale. D'où l'intérêt que l'on porte, en Afrique du Nord, à la recherche de compositions anciennes.

Les instruments de la nouba : la structure de base des instruments de la musique arabo-andalouse rassemblait sans doute le luth, la vièle en forme de barque et des percussions à membrane.
Au XIIIè siècle, un instrument à vent, le buq, remporte la faveur du public d'al-Andalus. C'est l'instrument le plus parfait et il convient surtout à la danse.
Le luth est l'instrument par excellence de la musique savante en al-Andalus. De nos jours, il appartient aussi au répertoire populaire marocain à travers le malhun, dérivé de la musique andalouse.
La vièle ou rebab apparaît à plusieurs reprises dans la littérature musicale sous un aspect qui fait penser à une sorte de luth miniaturisé. Une légende du XIXé siècle à Oran attribue l'invention de cet instrument à un prisonnier d'al-Andalus qui pour égayer ses longues journées monotones imagina de creuser une bûche, d'extirper les entrailles d'animaux égorgés et d'en tirer des cordes. Le résultat était tellement stupéfiant que le roi ordonna sur-le-champ de sortir le prisonnier de sa geôle et le combla de présents.
Bien que jumelé incontestablement avec le luth, le rebab ne saurait intervenir hors du contexte de l'art arabo-andalou. A contrario, le luth a gardé la liberté d'interpréter toutes sortes d'autres répertoires.
Duff et tar sont deux appellations pour le tambour sur cadre de la musique arabo-andalouse. Le tar se distingue toutefois du duff par son aspect circulaire et la présence de petites cymbalettes fixées sur des fentes du châssis.
Les violons et altos n'apparaissent dans l'orchestre arabo-andalou qu'au XIXè siècle, en remplacement du rabab et à ce titre, posés verticalement sur le genou gauche de l'interprète.

Source : Cap Maroc

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