L'hébreu et sa translittération


1. Sources.

Josse Alzin - "Juifs et chrétiens en dialogue. Tous leurs problèmes de A à Z" - Spes, Paris, 1966.
Nicolas Baudy - "Les grandes questions juives" - Coll. L'encyclopédie Planète, Edition Planète, Paris 8ème, 1965.
Ze'ev Ben-Hayyim - "Un dictionnaire hébreu" in "Ariel", Ministère des Affaires Etrangères, Division des relations culturelles, Jérusalem, n° 13, 1966, p. 14-20.
Joseph Boüüaert - "Petite histoire de l'alphabet" - Coll. Lebègue n° 100, Office de Publicité, bruxelles, 1949.
Isidore Epstein - "Le judaïsme" - Coll. Petite Bibliothèque Payot, n° 19, Payot, Paris 6ème, 1959.
Salomon D. Goitein - "Juifs et arabes" - Coll. Aleph, Editions de Minuit, Paris, 1957.
Haïm Rabin - "La renaissance de l'hébreu" - Coll. Israël aujourd'hui n° 5, Edition de semaine israélienne, Jérusalem, 1958.
Claude Renglet - "Israël, an 20" - Coll. Marabout Université n° 144, Ed. Gérard et Cie., Verviers, 1967.
E.S. - "L'hébreu ou la renaissance d'une langue morte" - In "Israël", Petit Digeste, bruxelles 4, s.d., p. 53-54.
J. Touzard - "Grammaire hébraïque abrégée" - Ed. refondue par A. Robert, Paris, Librairie Lecoffre, J. Gabalda et Cie, 1964.


2. Histoire de la langue hébraïque.

L'histoire de la langue est difficile à retracer et cela pour plusieurs causes : manque d'informations sur son origine, sur ses développements prébibliques, littérature restreinte, controverses relatives à la datation des livres, retouches ultérieures des textes anciens pour les adapter à la prononciation.

L'hébreu vient du cananéen. Il fut parlé dès le 14ème siècle avant J.C. au pays de Cana'an. Son âge d'or est l'époque préexilienne. Décadence après la captivité à Babylone : l'araméen se substitue à l'hébreu dans l'usage courant.

A mesure que l'hébreu cessa d'être parlé, il devint nécessaire d'expliquer les textes sacrés dans les synagogues. Ceci montre la préoccupation pour éviter les altérations.

Du 6me au 8ème siècle, ont lieu les travaux des "punctatores" pour fixer la prononciation (surtout celle des voyelles) et la ponctuation. Ils sont l'oeuvre des Massorètes babyloniens et palestiniens (le nom vient d'une racine hébraïque signifiant "transmettre"). Ils inventèrent un système de points-voyelles, d'accents indiquant la prononciation, les rapports des mots, les fins de phrases et les débuts de paragraphes. L'école babylonienne, formée par un groupe de savants des académies de Sura, Pumbeditha et Nehardéa, se fondant sur les traditions orales transmises depuis la période des Scribes, composèrent un système de vocalisation et adoptèrent un texte consonnantique différents de ceux des Massorètes palestiniens. Ceux-ci, appelés aussi école de Tibériade, étaient représentés par deux écoles adverses : celle de Ben Naphtali et celle de A'aron Ben-Asher, qui écrivirent chacun un codex de la Bible. C'est le codex de ce dernier, achevé au milieu du 10ème siècle, qui prévalut et il fait autorité aujourd'hui encore. L'actuelle Thora (textes de la Loi) est écrite selon ce système.

Au 10ème siècle sont établies les règles de la grammaire hébraïque, principalement par le Ga'on Sa'adyah († 942), Ibn Eira († 1167), David Qimchi († 1235).

L'hébreu a subsisté dans la diaspora comme langue sacrée et langue de lettrés. Les prières étaient dites en hébreu et les familles pieuses parlaient l'hébreu le jour du Shabbat. Néanmoins, jusqu'à la fin du 1çème siècle, c'est une langue d'érudits, à peine plus répandue que le grec ancien.

Le Juifs se sont créés deux langues (ce qui montre leur souci d'adaptation aux pays où ils vécurent) : le yiddish et le ladino. Le yiddish est un compromis d'allemand médiéval (de maouen-haut allemand), d'hébreu et d'"l"ments slaves(russe, polonais, roumain). Le ladino ou judéo-espagnol, est un hébreu mâtiné d'espagnl et de castillan médiéval que les Juifs chassés d'Espagne continuèrent à parler en divers points du monde.

3. Renaissance de l'hébreu.

La résurrection de l'hébreu et son emploi comme langue courante (et plus tard comme langue officielle de l'état d'Israël) doit beaucoup à Eliezer Yehuda (1858-1922) qui mena une campagne pour son utilisation en Palestine par mes émigrés. Il a commencé un "Thesaurus totius Hebraïtatis", achevé par des collaborateurs (terminé en 1958) qui compte 16 volumes et plus de 8.000 pages.

Fondé en 1904, le "Va'ad halachen" (Comité de la langue) avait pour mission d'adapter l'hébreu aux nouvelles conditions et spécialement à la conversation et à la technologie (fixer l'orthographe et les règles de grammaire, rechercher de nouveaux sens à des mots anciens). Depuis 1954, ce comité est devenu l'Académie de la langue hébraïque. Il a défini l'emploi de près de 30.000 mots.

Le vocabulaire de la Bible comprenait 7.704 mots. L'hébreu moderne, selon le dictionnaire d'Even-Cochan, en compte 20.185. Huit à dix mille mots sont des termes nouveaux.

4. La langue hébraïque.

L'hébreu est une langue sémitique du groupe occidental du nord (les langues sémitiques se répartissent en groupe oriental, groupe occidental du nord et groupe occidental du sud).

Toutes les langues sémitiques (comme l'accadien, l'araméen, le cananéen, l'himyarite, l'arabe, le geez, etc...) ont 3 caractères communs :
a) prédominance des sons gutturaux et emphatiques.
b) le sémantème (= le concept, l'idée racine) est uniquement composé de consonnes, le plus souvent 3 (phonème de trilittéralisme), parfois de 45 (racine quedrilittère). Les voyelles ne font qu'indiquer la fonction grammaticale du mot (comme nos désinences); elles constituent, avec quelques consonnes, le morphème du mot. L'hébreu possède environ 600 racines.
c) fixité des consonnes par opposition aux éléments vocaliques qui sont plus ou moins flottants.

5. L'écriture.

L'écriture hébraïque actuelle est l'aboutissement d'une série d'évolutions. Son origine remonte au proro-sinaïtique inventé par les Hyksos à partir des hiéroglyphes égyptiens. Le proto-sinaïtique donnera naissance à plusieurs écritures dont la cananéenne, la phénicienne, l'araméenne, la syriaque, l'arabe, etc...

Les Juifs utilisèrent d'abord l'écriture cananéenne (vers le 9ème siècle avant J.C.), puis l'araméenne lorsque l'araméen devint la langue véhiculaire du Proche-Orient. Ils l'adoptèrent dès le 5ème siècle avant J.C., après leur retour de Babylone. Elle aboutira à l'hébraïque carrée des beaux manuscrits et de l'imprimerie. Les Juifs créèrent, en outre, une cursive dans laquelle les caractères sont parfois liés.

L'alphabet comporte 22 lettres dont 5 ont une forme différente en position finale. L'hébreu (comme l'arabe et plusieurs langues de la même famille) se lit et s'acrit de droite à gauche, les lignes se succédant de haut en bas.

L'alphabet ne comprend que des consonnes. Le concept est représenté par un groupe permanent de consonnes qui peut se décliner (c'est une langue flexionnelle) en changeant les voyelles ou en ajoutant des préfixes et des suffixes. Exemples :
Trilittère "q d sh"
exprime l'idée de sainteté
Trilittère "k d m"Trilittère "l m d"
QaDaSH : il a été saint
QaDoSH : saint
QoDeSH : sanctuaire
KeDem : vent d'est
KeDMa : vers l'est
KaDiMa : en avant
haKDaMa : préface
hitKaDMut : progrès
KoDeM : précédent
KaDMon : primitif
KiDeM : anticiper
muKDaM : tôt
LaMaD : étudier
LiMMeD : enseigner
taLMuD : étude
meLaMMeD : professeur
LaMDan : un homme cultivé


6. Les voyelles.

A l'origine, aucune voyelle n'était indiquée dans l'écriture. certains consonnes furent employées pour suggérer la présence des voyelles concomittantes. On donne à ces consonnes le nom de "matres lectionis".



Avec la disparition de l'hébreu comme langue parlée, le besoin s'est fait sentir d'indiquer les voyelles. Le système qui a prévalu (celui de l'école de Tibériade) a été fixé aux 7ème et 8ème siècles de notre ère. Il est appelé massorétique ou traditionnel. Par respect pour le texte sacré, les Massorètes n'ont introduit aucune modification dans le texte. Aussi ont-ils placé les signes au-dessus, en-dessous et au-dedans des lettres. Ces signes sont des combinaisons de traits et de points. Le système massorétique comprend 8 signes vocaliques :



Les demi-consonnes yod et vav, pourvues d'un chirèq et d'un chôlèm, indiquent seulement l'allongement de la voyelle. Selon la pronociation, on distingue des voyelles :



Outre ces signes vocaliques, il en existe un autre appelé shevâ . Il y a trois valeurs différentes :
1) simple signe d'orthographe, on le nomme quiescent, c'est-à-dire non prononcé.
2) le shevâ mobile est une vraie voyelle et se prononce comme un e muet.
3) le shevâ moyen termine une syllabe (comme le shevâ quescent) et est prononcé (comme le shevâ mobile).
Il entre en combinaison avec trois voyelles et porte alors le nom rabbinique de chatêp, c'est-à-dire abrégeant, vu la rapidité de sa prononciation.



7. Autres signes de lecture.

- Le dâghêsh : point à l'intérieur de certaines lettres. Il indique le redoublement de la lettre qu'il affecte. Avec les lettres beth, ghimel, daleth, kaph, phé, tav, il indique une prononciation dure.

- Le mappiq : point comme le dâghêsh. Ne s'emploie qu'avec le hé final pour indiquer qu'il est prononcé.

- Le maqqef : trait d'union qui joint 2 ou plusieurs mots unis par le sens.

- Le mèthègh : petit trait vertical à gauche d'une voyelle pour indiquer qu'on doit la faire entendre et non glisser rapidement sur elle.

Remarque :
1. Le trait mince est mis pour une voyelle et permet d'indiquer la position des points-virgules relativement à celle des lettres.
2. Les lettre hébraïques sont alignées par rapport à une ligne supérieure, accrochées comme des chauve-souris et non posées surt une ligne comme l'alphabet latin.

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