Le Tango

Le TANGO désigne, à la fois, une danse exécutée en couple et la musique qui l'accompagne, jouée notamment au bandonéon.

Voir également : Le tango argentin

HISTOIRE
   Qui dit tango, pense à l'Argentine. Et pourtant... C'est quand il est arrivé à Paris en 1910, amené par les marins qui le propagèrent de port en port, qu'il connut le succès.

   En réalité, le tango est né en 1898 dans les bas-fonds de Buenos Aires. Il permettait aux personnes des milieux populaires, essentiellement des immigrés, d'extérioriser et d'oublier les réalités quotidiennes très dures à cette époque.

   Le tango argention est une invention complexe. C'est en effet le métissage de 3 danses : le candomblé dansé par les esclaves noirs, la habanera d'origine cubaine et la milonga venue de la pampa argentine. La plupart des immigrants vers l'Argentine étaient des jeunes hommes qui, pour ganer les faveurs des filles moins nombreuses, devaient devenir de bons danseurs. D'abord installée dans les quartiers populaires, cette danse, jugée trop indécente, n'a été acceptée par la "bonne société" argentine qu'en 1913, une fois adoptée par Paris. L'âge d'or du tango se situe dans les années 50; le renouveau eut lieu dans les années 80 grâce à des spectacles et des tournées mondiales de troupes spécialisées.

   Au niveau musical, les premiers instruments utilisés étaient la flûte, la harpe et le violon. Ils sont rapidement détrônés par le bandonéon, sorte de petit accordéon hexagonal inventé par l'Allemand Hanz Band, qui donne au tango ce son unique qui ressemble à une complainte; grâce à lui, la mélodie et la manière de danser ont évolué. Au départ, les pas du tango étaient petits, courts et restreints. Quand le bandonéon a étiré la mélodie, le danseur a aussi étiré ses jambes...

   Même si les chansons existaient avant lui, Carlos Gardel (1890-1935) peut être considéré comme l'inventeur du tango chanté. Il a créé une manière de dire le tango et de respirer le tango; des techniques qui sont enseignées aujourd'hui encore dans les écoles de chant.

   C'est Astor Piazzolla (1921-1992), compositeur et joueur de bandonéon, auteur aussi de musiques de films, qui a donné au tango une forme symphonique et l'a enrichi des influences de la musique classique et du jazz. On lui laissera ce mot : "Pour bien jouer le tango, il faut vivre à Buenos Aires".


TECHNIQUE
   Cette danse est généralement lente et bien marquée rythmiquement. La façon naturelle de danser sur cette musique consiste à marcher sur les temps forts (les temps 1 et 3 de la mesure à 4 temps). Cette marche régulière sur la pulsation musicale est la base du tango.

   Mais un danseur peut aussi décider de danser sur des temps faibles (pour marquer un contretemps), ou ne pas danser sur un temps fort (pour faire une pause). On peut jouer sur le rythme, mais aussi sur les mouvements de jambes. Au fil du temps, les pas du tango se sont beaucoup diversifiés. Alors qu'au début le tango n'était qu'une marche, sont apparues ensuite des figures plus complexes, comme les ochos, ganchos, boleos, colgadas, sauits, etc...

   Le tango, tel qu'il se pratique en bal, est une danse improvisée, ce qui signifie que les danseurs décident seconde après seconde, en fonction de la façon dont ils sentent la musique (mais aussi de l'espace libre sur la piste), des pas qu'ils vont faire.

   Danse de passion et de mélancolie à la fois, le tango donne l'image d'un jeu incessant entre les 2 partenaires du couple.

   Pour assurer une progression harmonieuse du couple sur la piste, il faut maîtriser la technique essentielle du guidage. La tango se pratique ne général en couple de 2 personnes de sexe opposé. Le rôle du guidage revient en général à l'homme. Il décide donc à tout moment des pas de sa partenaire (qu'il contrôle à l'aide des mouvements de son buste, mais aussi de ses bras, son bassin et ses jambes) et de ses propres pas. Le rôle de la dame ne doit toutefois pas être négligé; la musique passe au travers des 2 danseurs. Pour que le tango soit bien dansé, il est essentiel que, au-delà des pas, les 2 danseurs se communiquent, à travers leurs corps, la façon dont ils entendent la musique. Les Argentins ont coutume de dire para hacer lucirla a la mujer pour signifier que la danse sert, avant tout, à valoriser la dame dans sa féminité et sa sensualité. Le rôle de la dame est donc de profiter du guidage de son partenaire et des pauses pour exprimer sa fantaisie et son caractère.

IMPRESSIONS ET EMOTIONS
   Danse un tango, c'est plus que faire des pas ou des figures.

   D'abord, en Argentine, l'homme invite la dame avec le cabeceo, signe de tête ou regard discret qui permet à l'homme et à la dame, et à eux seuls, de savoir qui dit non ou qui dit oui. La dame qui refuse détournera la tête et le tanguero saura, lui seul, que l'invitation estt déclinée.

   La rencontre a commencé par un regard qui dit oui... alors, sans échanger un seul mot, elle se poursuit dans l'abrazo (enlacement). Enserrant le buste de la dame, le bras droit de l'homme établit la distance et le mode de contact entre les 2 corps qui commencent à se découvrir, à échanger, à mutuellement s'adapter, cherchant à se compléter, à s'ajuster, à se fondre en un seul. C'est l'abrazo ou étreinte.

   Ensuite, on attend 10 à 15 secondes, le temps que la musique se transmette aux pieds, et la danse peut commencer.

   Le couple danse en partageant les espaces, les pleins et les vides, écoutant le corps de l'autre, captant son émotion, son anxiété, sa surprise. Les partenaires ne se regardent presque pas et ne se parlent pas. S'ils le font, c'est que le langage des corps a échoué.

   D'aucuns disent que pour danser le tango, il faut être deux; pourtant deux ne suffisent pas. Dans cette communion, l'homme et la dame dansent accompagnés par la musique, attentifs au rythme et à la mélodie et ce sont leurs sentiments qui la transforment en mouvement.

   Ils dansent avec l'autre et pour l'autre. Ils dansent avec les autres couples dont ils partagent l'énergie. Ils dansent avec le sol qui leur transmet les vibrations des autres danseurs.

   Mystère des corps en harmonie, magie du tango qui les mène à l'extase, émotion intense et totale, du corps et de l'âme. Il ne font qu'un, corps et âmes. Ils aimeraient que ce tango dure toujours et que rien ne vienne interrompre l'enchantement.
Source : Journal de la DAPO-Hainaut n° 91 - Février 2008 - Pages 13-15.

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